Le nouvel équilibre entre paysage végétal et minéral.
Maîtrise d’Ouvrage : Région Auvergne-Rhône-Alpes
Concours : 2019
Surface de plancher : 6.132 m²
Coût Total HT TCE de l’opération : 15 780 000 €
Composition de l’équipe de maîtrise d’œuvre : Architecte mandataire : Chomette-Lupi et Associés-Architectes - Architecte associé : L'Atelier - BET TCE - SSI - OPC : Betom - Economie de la construction : Cabinet Denizou - BET HQE : TRIBU - BET Acoustique : Groupe GAMBA - Paysagiste : Hors-champs - BET Cuisine : BETR
Le lycée Hector Berlioz se situe sur la commune de La Côte Saint André, au nord d’une plaine dédiée aux équipements. En marge du centre bourg, cette large plaine d’équipements est entourée d’espaces naturels et de parcs boisés qui forment autour d’elle une ceinture verte. Au moment de sa construction, les concepteurs du lycée Hector Berlioz ont développé le principe du village dauphinois comme moyen d’intégration dans le site, favorisant ainsi des hauteurs bâties mesurées. Ce parti pris impose un développement horizontal des bâtiments et une large emprise au sol. Les espaces extérieurs, qui connaissent un traitement largement minéral, s’enchevêtrent dans le plan de composition pour amplifier cet effet de nappe minérale.
Le projet urbain, architectural et paysager est un équilibrage de la part minérale et végétale en s’appuyant sur deux aspects complémentaires, l’inscription dans une continuité minérale aux multiples ramifications, accompagnant le développement organique du bâti et l’intégration dans son paysage naturel boisé et vallonné.
Le projet s’inscrit donc dans la continuité de la volonté des concepteurs originels du lycée Hector Berlioz, dans cette rupture avec l’idéologie de l’époque où, plutôt qu’un désir de rationalité abstraite, prime le lyrisme du bâti vivant et organique, plus à même de s’inscrire discrètement dans le paysage. L’extension du lycée est une bouture à cet organisme minéral, créant un nouvel embranchement, dont les proportions et les imbrications reprennent le lexique des volumes et des toitures à deux pans.
Le lycée est habillé d’une nouvelle écorce, dont le calepinage vertical renforce l’agencement cellulaire des différentes maisons. Chaque toiture reprend alors son autonomie, se dissociant de la maison voisine et s’offrant sa propre identité. Néanmoins, le choix de se limiter à deux types de revêtements permet de créer un ensemble cohérent et de donner une nouvelle identité visuelle au lycée Hector Berlioz. Ce choix permet également de se jouer d’une apparente variété d’effets tout en autorisant une préfabrication des éléments rapportées sur les façades existantes. Le principe constructif de la nouvelle façade permet, à partir de quelques modules préfabriqués, issus de l’analyse des façades existantes, de créer une grande variété de situations de mise en œuvre.
Ainsi, devant la variété des rythmes des façades, de leurs orientations et de leurs imbrications apparait une vision d’ensemble cohérente et continue, où chaque ramification, existante ou nouvellement créée, semble faire partie intégrante d’un même ensemble architectural. A l’image de l’arbre dont on ne pourrait distinguer les plus anciennes branches des nouvelles, l’extension s’inscrit dans la croissance naturelle du lycée.
Le lycée est maintenant entouré de cordons boisés, s’inscrivant dans le projet paysager à l’échelle de la ville. A la façon d’une clairière propice à la concentration et au travail, le lycée est protégé des éléments extérieurs par des sous-bois.
Ces sous-bois sont prétexte à une transition d’un espace dédié à l’énergie créatrice, dont l’architecture tumultueuse fait écho vers un espace calme à l’architecture apaisée, dédié au réconfort des lycéens et de leurs enseignants.
A la sortie du sous-bois, c’est la plaine qui s’offre aux lycéens. La demi-pension, à l’articulation entre le lycée Hector Berlioz et le lycée agricole, s’inscrit dans cette continuité visuelle. Sa forme simple et élancée répond à l’horizontalité du site. Elle s’insère ainsi dans un site à découvert. Sa faible hauteur et le travail de la 5ème façade estompe sa présence et ses dimensions importantes. Si l’extension du lycée se développe dans une composition verticale de village dans la ville de La Côte-Saint-André, la demi-pension reprend la poésie de la ligne de l’horizon et du lointain.
Comme le paysage dans lequel elle évolue, sa toiture se soulève doucement, répondant aux monts qui ceinturent la vallée de Beaurepaire. A l’intérieur de la restauration, la poésie du sous-bois se développe. La grande nappe de bois offre un couvert ombragé, dont les patios ponctuent l’entrée de lumière naturelle en son cœur.
A l’abri du soleil ou des intempéries, il est agréable de pouvoir contempler la plaine. Pour cette raison, le couvert offert par la grande toiture protectrice s’ouvre largement en façade sur l’horizon et la vallée. La charpente se soulève doucement, tel un éventail ou des branches écartées par le vent, laissant entrer une lumière douce venue de l’Est, baignant ainsi le sous-bois d’une lumière indirecte à l’heure du repas ou du dîner. Cette grande fente horizontale donne sa légèreté à la toiture, renforçant cette impression de voile, flottant aux dessus de la restauration.
Faire rentrer la nature jusqu’au cœur du projet, tel est le rôle essentiel des deux patios. Largement arborés, ils filtrent la lumière naturelle, rappelant aux lycéens le sous-bois qu’ils ont traversé pour venir se restaurer. Largement vitrés, ils laissent percevoir la grandeur du sous-bois formé par la charpente et lui apporte une nouvelle légèreté. Intelligemment positionnés, ils organisent l’espace et les circulations intérieures, divisant ici le flux des lycéens de celui des enseignants, réunissant là les usagers au niveau de la dépose de leur repas. De même, ils masquent depuis la salle de restauration les aires de distribution et de services, séparant les zones bruyantes de circulation de la zone nécessairement calme du repas. Ainsi, les lycéens et les enseignants, à l’abri de la grande toiture, peuvent profiter de tous côtés d’une nature retrouvée.
L’approche urbaine, architecturale et paysagère exprime donc la nécessité d’un rééquilibrage entre la forte présence minérale existante au sein de l’établissement et la forte présence végétale dans le paysage limitrophe. Le lycée devient un ilot propice à l’apprentissage et au développement personnel des lycéens au cœur d’une clairière protégée par des cordons arborés. L’architecture choisie est en accord constant avec l’usage qu’elle accueille. Ainsi la demi-pension se met au diapason de sa fonction, celle d’accueillir, le temps du repas, l’ensemble des usagers du lycée Hector Berlioz et du lycée agricole voisin, formant un nouveau campus d’enseignement, dans un lieu propice au réconfort et à l’échange.